Série Parménie

Légende n°2 : Le Royaume d'Effray.

4éme Partie.

6.

L’influence d’oncle Jacques fut déterminante car dès le lendemain une délégation du village conduite par Méléas, et accompagnée de Nolwenn et de Jacques partit en direction du village d’Agamenon. L’accueil fut chaleureux. Il est vrai que la date fatidique qui bientôt sonnerait l’extermination et la fin du village approchait. Il ne restait plus qu’une semaine.

La réunion eut lieu dans la vaste demeure d‘Agamenon. La pensée d’une résistance aux agissements d’Effray, inculquée comme une loi immuable dans l’esprit des Picaneros passait mal. Le seul point qui pouvait être exploité par oncle Jacques, et il le fut, était la fin inéluctable des deux villages dans un proche avenir. Le fait de résister aux volontés du Grand Maître déclenchait une frayeur épouvantable dans l’esprit des Picaneros. Le premier convaincu fut Agamenon. Jacques avait téléporté deux grands coffrets contenant d’étranges engins redoutables, ce qui impressionna favorablement les petits hommes en faisant naître en eux un léger espoir. Seuls l’oncle et sa nièce savaient que ce n’était qu’un bien faible élément et qu’il ne suffirait pas, loin de là, à vaincre le redoutable Effray et son extraordinaire puissance. Mais ils se devaient d’insister, afin de persuader ce peuple faible à résister et ne pas continuer à admettre leur destruction comme un destin auquel ils ne pouvaient échapper. Ils devaient avant tout, leur prouver que ces êtres monstrueux n’étaient ni invincibles ni immortels. Le principal point faible résidait dans le fait qu’oncle Jacques s’était refusé à transporter des engins mortels. Le premier coffret contenait une dizaine de canons paralysants et le deuxième, de puissants lasers, destinés éventuellement à percer les murailles du château dans un but plus psychologique qu’offensif. Dans la mesure où cette possibilité leur fut offerte, mais cette possibilité farfelue, pour l’instant, frisait plus le rêve que la réalité.

Les soins et surtout les médicaments amenés par oncle Jacques, en particulier les antibiotiques et les cicatrisants, eurent vite raison de la blessure d’Artémis. Ainsi, ils purent bénéficier d’un autre élément jouant en leur faveur dans le ralliement à leurs côtés des deux Minustros. Tous deux partirent en croisade auprès de leurs compatriotes cachés autour des villages, pour les convertir à leur cause et surtout les convaincre de ne rien relater au Maître des choses qui se tramaient dans son dos et surtout ne pas révéler la présence des deux blancs. Mais on n’était pas à l’abri d’un traite. Et puis, comment savoir s’il n’avait pas d’autres sources d’informations ? On le disait possesseur de nombreux pouvoirs.

7.

Après qu’oncle Jacques et Nolwenn eurent enfin réussi à persuader les Picaneros de la nécessité impérieuse de résister et d’unir leurs efforts, eut lieu le lendemain le premier conseil de guerre. Le plus difficile restait l’évaluation des forces adverses. Les Picaneros dans leur frayeur ancestrale accordaient à la citadelle une puissance invincible et certainement surestimée. Selon ce qu’ils avaient pu voir, les Parméniens lui accordaient une armée de Korgolans dirigée et encadrée par des êtres humains, semblables à eux mêmes, bien que légèrement plus petits. Par contre, ils ne possédaient aucune information sur leurs aptitudes intellectuelles et rien non plus sur d’autres forces qui ne se seraient encore pas manifestées et pourraient être en réserve. Les deux Minustros parlaient d’environ 10000 Korgolans et de plusieurs milliers d’humains se déplaçant à cheval.

Selon les forces qu’utiliserait le maître pour attaquer le village, avec une bonne préparation et en bénéficiant de l’effet de surprise, les deux Parméniens étaient convaincus de faire échec à l’attaque. Les Picaneros disposaient de 500 archers et de 2000 hommes armés de lances et d’autres armes blanches. La principale incertitude résidait dans le comportement de ces soldats d’opérette, peureux et peu aguerris aux combats, face à ces monstres impressionnants. N’allaient-ils pas fuir à la première escarmouche ? La situation n’offrait aucun choix. La résistance s’imposait, il n’y avait aucune autre alternative de survie.

Un autre sujet d’inquiétude hantait les esprits de chacun. Si les deux villages réunis parvenaient à repousser l’attaque, quelle serait alors la réaction d’Effray ? Il valait mieux ne pas y penser. Pourtant, en temps de guerre il faut penser à tout, tout prévoir, si l’on ne veut pas avoir de surprises désagréables.

Dès la réunion terminée, la préparation des combattants commença aussitôt. Les Korgolans sont des êtres monstrueux, très grands et très forts, mesurant environ deux mètres. Si leurs corps a quelque analogie lointaine avec le corps humain par contre la tête de ces mutants est typiquement animale avec leurs énormes gueules effrayantes ressemblant un peu à celles du cheval mais plus aplaties, un peu comme celles des crocodiles et surtout armées d’une impressionnante dentition de carnassier. Deux oreilles pointues se dressent un peu à l’arrière du crâne et leur long cou est fourni d’une longue crinière, comme celle du cheval. De plus ces monstres ont le buste protégé par une cuirasse et le premier point à ancrer dans l’esprit des Picaneros fut de ne pas s’attaquer aux parties protégées par la cuirasse. L’armure amenée par oncle Jacques participa à l’entraînement des nouvelles recrues. Il fixa le plastron de son armure à un arbre et invita les Picaneros à s’entraîner.

Tout le village participait à l’organisation de la défense. On fabriquait des arcs, des flèches, on aiguisait les armes blanches, alors qu’une équipe préparait les pièges autour du village. De nombreux hommes de l’autre village participaient aussi aux préparatifs.

- Dis-moi, oncle Jacques, où as-tu trouvé cette magnifique armure ?

Les yeux du vieil homme brillèrent de malice alors qu’il caressait sa petite barbichette blanche.

- C’est une armure prestigieuse ma petite, c’est l’armure de Bayard. Je l’ai empruntée au musée de Pontcharra.

- Avec une telle armure, et avec l’aide de Bayard, nous sommes obligés de vaincre.

- Obligés ma chérie.

A l’époque, Bayard ne se doutait pas qu’un jour sa célèbre armure servirait à ce type d’entraînement

8.

Ragon et Artémis ramenaient de mauvaises nouvelles.

- L’attaque du village aura lieu demain. Les troupes d’Effray sont parties hier et seront là dans la matinée de demain.

Un lourd silence écrasa le camp. Les hommes accroupis par petits groupes restaient silencieux. Les femmes et les enfants avaient regagnés l’autre village depuis plusieurs jours laissant la place aux hommes de Méléas venus prêter main forte à ceux d’Agamenon. La nouvelle armée allait-elle tenir le choc ? Oncle Jacques était persuadé qu’ils se montreraient à la hauteur.

- Dès le lever du jour, tu partiras te réfugier dans la montagne. Deux hommes t’accompagneront, je ne peux pas te laisser Barnum et Cinoque qui sont les deux chefs les plus solides. On en aura besoin ici.

- Tu sais oncle Jacques, j’ai horreur de la guerre, mais je ne peux pas vous abandonner ici.

- Tu le dois ! N’oublie jamais que tu es le dernier ange blanc de Parménie, si tu disparais, Parménie disparaît aussi. Tu n’as pas le droit d’exposer ta vie.

Une brume épaisse enveloppait le village et la forêt lorsque Nolwenn accompagnée de deux Picanéros et de Ragon le petit Minustros, quittèrent le village, non sans une certaine angoisse. L’air devenait irrespirable. Elle percevait dans l’atmosphère les prémices d’une lourde menace. Quelque chose d’inquiétant, d’indéfinissable, un long frisson la parcourut. Et si les choses ne se passaient pas comme prévu. Elle secoua la tête et s’obligea à réagir en prenant d’un pas décidé la direction de la montagne. Il était environ midi, lorsqu’ils commencèrent à gravir un sentier escarpé grimpant dans les rochers. Un peu plus haut ils s’installèrent aux pieds de gros rochers. Nolwenn sortit ses jumelles et commença à scruter l’horizon, dans la direction du village. Près du village, la forêt était moins dense, elle aperçut la colonne de Korgolans s’avancer vers ses amis. Ils étaient effrayants. Soudain un détail l’intrigua. Un groupe de cavaliers se détacha de la colonne et disparut sous les arbres en direction de la montagne. Aussitôt elle s'empara de sa radio et appela oncle Jacques.

- Une quinzaine de cavaliers se sont séparés de la colonne, peut-être essayent-ils de vous prendre à revers, lui annonça-t-elle.

- Rassure toi, de nombreux Minustros surveillent tous les abords du village et toutes les cinq minutes l’un d’eux m’apporte des informations sur la progression de nos ennemis.

Peux-tu me dire combien tu en as dénombrés ?

- Environ une cinquantaine de Korgolans et une quarantaine de cavaliers.

Il y eut un silence, puis oncle Jacques reprit.

- C’est bizarre, Agamenon me dit qu’en général ils sont deux à trois cents Korgolans pour attaquer et seulement une vingtaine de cavaliers pour les escorter. Combien de chars ?

- J’en ai vu trois tirés par des animaux ressemblant à des Yacks.

- Oui. Encore bizarre, d’habitude ils prévoient une dizaine de chars. Peut-être se sentent-ils sûrs d’eux et n’ont-ils pas un grand besoin de prisonniers. Bon, ça commence à bouger, je te quitte prends bien soin de toi ma chérie et surtout sois prudente. Ne reviens que lorsque je te le demanderai.

9.

Caché derrière un gros arbre, Jacques suivait avec une certaine anxiété l’avance de la colonne de Korgolans. La vue de ces horribles créatures lui faisait froid dans le dos. Les premiers monstres avançaient trois par trois en rangs serrés et n’étaient plus qu’à une centaine de mètres du village. Les groupes d’intercepteurs étaient à leurs postes et le reste de l’armée des Picaneros, accroupis, un genou au sol derrière lui.

Les mains de Jacques se crispèrent sur ses lunettes lorsque les premiers atteignirent le premier point critique de leur stratégie de défense. Soudain il y eut des cris, des cris stridents affreux et les neufs premiers Korgolans disparurent dans le sol. Dans la fosse ils s’empalaient sur les pieux pointus plantés au fond par les Picaneros. Des hurlements terribles déchirèrent le silence qui s’était installé autour du village. Les autres Korgolans se groupèrent autour de la fosse mais ne firent rien pour leur venir en secours. Leurs chefs leur fit signe d’abandonner le sentier et de passer par les côtés. Le détachement se divisa en deux pour s’avancer dans la clairière où les arbres étaient clairsemés à l’approche du village. Les Korgolans continuèrent leur progression en émettant de sourds grognements la gueule ouverte écumante de bave. Soudain, des Picaneros jaillirent derrière les troncs et une pluie de flèches s’abattit sur eux. Les cuisses énormes des assaillants offraient une cible facile aux archers. Leur chef hurla l’ordre d’attaquer et les Monstres s’élancèrent, l’épée à la main.

Jacques fit signe aux soldats massés derrière lui d’intervenir à leur tour. Ainsi, les Korgolans après avoir été pris sur les côtés devaient faire face à une importante armée qui lui venait de face. Les flèches ne semblaient pas ralentir leur charge. Mais il en pleuvait de plus en plus, leurs cuisses ressemblaient à d’horribles hérissons d’où le sang giclait des blessures. Maintenant qu’ils étaient plus près, les archers les plus habiles visaient le cou et la tête.

La dizaine de cavaliers, vint à son tour autour de la fosse où hurlaient les victimes empalés. Ils les regardaient agonir sans aucune émotion. Puis, celui qui semblait être le chef fit un signe et ils partirent au galop en direction de la montagne.

Dès les premiers engagements l’issue de la bataille ne faisait aucun doute. La masse imposante des Korlolans, tel un mur indestructible conservait son impressionnante menace mais les flèches commençaient leur œuvre destructrice. Plusieurs déjà, le cou transpercé, avaient cessé d’avancer et hurlaient en gesticulant. Quelques uns mirent un genou au sol, puis s’écroulèrent, sans pouvoir se relever malgré leurs efforts. Les flèches des Picaneros devenaient plus précises. Ils se rapprochaient des monstres de plus en plus gênés dans leurs déplacements.

La victoire était acquise. Facilement acquise. Trop facilement acquise. Le doute commençait à envahir oncle Jacques. Cette victoire cachait quelque chose. Il ne pouvait croire qu’Effray eusse pu commettre un telle erreur en envoyant ses soldats à l’abattage. Certes, jamais auparavant les Picaneros n’avaient résisté, se contentant de fuir inutilement, car, rabattus par les cavaliers sur les Korgolans. Quelque chose clochait. Un autre point l’inquiétait tout particulièrement : les cavaliers constatant l’échec de l’attaque n’avaient pas fait demi-tour, mais s’étaient dirigés au galop en direction de la montagne. Dans la même direction prise par Nolwenn. Soudain l’angoisse s’empara de lui. Nolwenn ! Il s’empara de son talkie walkie et appela sa nièce.

- Nolwenn ! Nolwenn !

Pas de réponses. Désemparé il renouvelait son appel. Il perçut quelques grésillements, puis une voix se fit entendre. Pas la voix de sa nièce, une voix d’homme. Il pâlit.

- Bonjour monsieur Legonnec. Vous désirez parler à votre nièce ? Très bien, je vous la passe.

Il entendit le bruit d’une galopade rapide, le choc des sabots sur un sol rocailleux dans un rythme effréné, un son apocalyptique comme venant tout droit des enfers. Puis, la voix éplorée de Nolwenn, entrecoupée de sanglots.

- Oncle Jacques ! Les cavaliers nous ont capturés. Ce sont ceux qui se sont détachés du groupe. Leur chef m’a dit que l’attaque du village n’était qu’une diversion et que le but de la manœuvre était ma capture.

Nelson, le capitaine de la garde rapprochée d’Effray lui arracha l’appareil des mains.

- Vous avez entendu ? monsieur Legonnec. Le maître désire votre nièce et dans peu de temps, nous serons au château. Si vous voulez nous poursuivre, vous pouvez le faire. Une équipe à l’arrière sera prête à vous accueillir, mais faites vite car nos chevaux sont rapides et nous serons bientôt arrivés.

- Relâchez ma nièce. Que voulez-vous en contrepartie ?

- Mais rien monsieur Legonnec. C’est le maître qui règne sur ce pays. Vos désirs ne l’intéressent pas. Venez au château si vous le désirez ou nous irons vous chercher dès que le maître l’aura décidé. Adieu, termina-t-il dans un long ricanement.

Nelson s’exprimait en grec. Jacques restait paralysé comme tétanisé par un fort courant électrique, alors qu’à côté de lui la victoire étant acquise, on s’agitait de plus en plus,. Les Picaneros déchaînés s’acharnaient sauvagement sur les Korgolans. Un peuple pacifique soudain libéré de ses craintes ancestrales et grisé par la victoire sombrant dans la barbarie. Jacques totalement dévitalisé restait sans force incapable d’intervenir pour les empêcher de s’avilir dans des actes de cruauté. Tête basse, presque sans vie, il se retira dans un coin pour essayer de resurgir du néant sachant très bien qu’il n’accepterait jamais cette situation. Sa nièce prisonnière du monstre et destinée à un avenir horrible, inhumain.

10.

Les chevaux progressaient à une allure diabolique. Bientôt, ils défilèrent parmi une troupe imposante de Korgolans encadrée de cavaliers, envoyés pour protéger leur parcours.

A la tombée de la nuit, ils atteignirent les abords de la citadelle. Le pont levis était baissé. Ils pénétrèrent dans une immense cour desservant les diverses structures du royaume et continuèrent leur parcours jusqu’à une seconde enceinte protégeant le palais et ses dépendances. Les premiers cavaliers et leur prisonnière franchirent les deux battants grands ouverts de la porte gardée par des Huns en armes. Nelson et deux de ses lieutenants, ceux ayant encadré le cheval de Nolwenn pendant le parcours, s’arrêtèrent aux pieds de l’escalier central. Ils l’invitèrent à descendre de cheval et la poussèrent dans l’escalier qui menait à la porte d’entrée du palais, elle aussi grand ouverte.

La salle qui se présentait semblait sans limites. Des torches sur les nombreux piliers de marbre diffusaient une lumière orangée. Au fond, la salle se resserrait sur une estrade où prônait un fauteuil digne d’un Dieu, tant il était imposant et chamarré parmi un foisonnement de sculptures d’un goût douteux. Il en était de même pour le fond et les côtés, eux aussi surchargés de sculptures inspirés de monstres ou de gargouilles diaboliques. L’effet terrifiant de ce décor glaça d’effroi Nolwenn. Nelson accompagna la jeune fille jusqu’au pied de l’estrade et s’agenouilla. Le maître lui fit signe de relever la tête.

- Voici maître la jeune fille. Tout s’est bien passé, elle n’a subi aucune brutalité.

Epouvantée par la vision qui s’offrait à elle, Nolwenn ne réussissait pas à détacher ses yeux de l’horrible tête qui la dévisageait avec intérêt. Il avait une tête anormalement allongée se terminant par deux pointes osseuse, l’une au menton, l’autre à la partie supérieure de l’occiput. Une bouche démesurée, avec une infinité de longues dents fines et pointues. Son long nez arqué, descendait jusqu’à la lèvre inférieure. De longues oreilles pointues mais très larges à la base accentuaient sa monstruosité mais ce qui semblait encore le plus effrayant, ce n’étaient pas ces espèces de petites cornes à l’arrière de son crâne, descendant jusqu’à la naissance du cou, mais ses yeux. La pupille de ses yeux en forme de triangle, large en haut et pointue en bas, était verticale comme le sont chez nous celles des crocodiles. Une vision fantasmagorique à donner la chair de poule aux plus vaillants.

- C’est gentil d’être venue nous voir. Ne te considère surtout pas comme ma prisonnière mais comme mon invitée. Un merveilleux avenir t’attend puisque j’ai décidé de t’épouser.

Nolwenn ne put supporter le choc de cette abominable révélation et s’évanouit.

Elle reprit ses esprits dans une magnifique chambre tapissée de tissus brodés de douces couleurs aux reflets chatoyants, de grandes fenêtres éclairaient la pièce. Son lit vaste et souple capitonné lui aussi de splendides broderies. La couleur rose prédominait parmi les bleus azuréens des murs et les verts tendres des tentures. Une jeune femme se tenait près du lit. Elle s’avança.

- Je m’appelle Phédre et je suis chargée de veiller sur toi. Voici tes quatre esclaves, ajouta-t-elle en désignant les quatre Picaneros debout au pied du lit, qui inclinèrent la tête quand Phèdre les désigna.

Apercevant les deux soldats contre la porte, Nolwenn lui dit.

- Je ne veux pas d’hommes dans ma chambre.

- J’en parlerai au maître, je pense que les deux, de l’autre côté de la porte suffiront.

- Dis-moi, qui es-tu ? Tu es de la race des cavaliers ?

- Oui ! Nous sommes des Huns, les serviteurs du maître. Nous appartenons à la classe dirigeante et sommes de ce fait les privilégiés du royaume. Nous assurons sa garde et gérons le royaume. Nous sommes à la fois les serviteurs et les protecteurs du Grand Maître.

Nolwenn bien qu’abasourdie, réfléchissait à sa nouvelle situation. Pour l’instant elle préférait ne pas penser à sa destination future pour ne pas sombrer dans le plus profond désespoir.

- J’ai quelque chose à te demander.

- Parle.

- J’avais une amie dans le village de Méléas, elle s’appelle Noémie, j’aimerais l’avoir auprès de moi.

Phèdre sourit.

- Elle sera là bientôt. Une escorte de cavaliers est déjà partie la chercher.

Nolwenn en resta bouche bée. Comment pouvait-on savoir qu’elle désirait la présence de Noémie ?

- Je ne comprends pas. Explique moi.

- C’est très simple. Ton oncle grâce à ta radio a pu communiquer avec le maître et lui a demandé d’accepter auprès de toi Noémie qui désirait te rejoindre pour te servir . Ils ont conclu un accord et un groupe de cavaliers est parti la chercher. Elle avait elle même déjà rejoint le village d’Agamenon.

Cette nouvelle surprit Nolwenn. Cette coïncidence ne pouvait être le fait du hasard. Noémie, la gentille petite Picaneros qui lui préparait ses repas lorsqu’elle était prisonnière de Méléas se sacrifiait pour la rejoindre. Peut-être pensait elle comme elle, que de toutes façons, les jours des habitants des deux villages étaient comptés.

Nolwenn prit un bain préparé par les quatre Picaneros, dans une pièce attenante de sa chambre.

- Que les choses soient claires entre nous, leur avait-elle dit. Vous n’êtes pas mes esclaves mais des compagnes d’internement. Je vous interdis de m’appeler maîtresse, j’ai un prénom et je ne veux entendre de votre bouche que ce nom.

Elle refusa de sortir et de voir le maître et ne quitta pas sa chambre.

- Je sortirai lorsque j’aurai vu mes parents, avait-elle fait dire au seigneur Effray.

A laquelle il avait fait répondre :

- Vous ne verrez vos parents que lorsque vous aurez dit oui à ma demande de mariage. Je vous veux consentante. D’ailleurs, vous n’avez pas le choix, consentante ou non, la cérémonie se fera dans 8 jours, le temps à mon peuple de préparer une cérémonie grandiose à la hauteur de son souverain.

- Je ne serai jamais votre épouse car vous êtes un monstre et vous m’effrayez.

En fin d’après midi, le maître malgré son refus, lui rendit visite. Sa visite fut très courte et se conclua par ces mots :

- Il est tout à fait normal que la différence de nos apparences physiques vous surprenne et éveille en vous certaines réticences, mais tout est affaire d’accoutumance et bien vite l’attrait d’être souveraine à mes côtés et de jouir d’un confort, d’un pouvoir et de la vénération sans limite d’un peu peuple vous séduira. Je suis convaincu que très vite vous changerez d’avis. Et surtout, n’oubliez pas que vos parents sont mes prisonniers. Si vous avez quelque affection pour eux il guidera j’en suis certain votre choix. Ne l’oubliez pas.

Elle obtint néanmoins le report de huit jours supplémentaires de la date du mariage.

Malgré le confort de sa chambre et la douceur de sa literie, Nolwenn eut du mal à s’endormir. L’échec de sa mission lui torturait l’esprit. Savoir ses parents prisonniers de ce monstre et son impossibilité totale de les sauver la désespérait. Elle était fermement décidée à ne jamais devenir l’épouse de cet horrible personnage Elle préférait mettre fin à ses jours et son désespoir était d’autant plus grand que sa religion lui interdisait formellement une telle alternative. Il lui restait encore une quinzaine de jours. Mais seule ici, que pouvait-elle faire ?

Terrassée par la fatigue et ses émotions, elle s’endormit au petit matin.

Après quelques heures d’un sommeil agité lorsqu’elle ouvrit les yeux, une agréable surprise l’attendait. Elle découvrit Noémie assise à la tête du lit. Elle bondit hors du lit et les deux jeunes femmes en larmes s’étreignirent longuement. Lorsqu’elles eurent terminées leur épanchements affectifs, Phèdre qui se tenait à l’écart s’approcha.

- Veux-tu déjeuner ?

- Oh oui, répondit Nolwenn les yeux encore pleins de larmes, sans lâcher la main de sa petite amie. Sa présence la réconfortait bien plus qu’une telle compagnie puisse le justifier.

Phèdre fit signe à deux Picaneros qui s’éclipsèrent aussitôt. Les gardes devant sa porte avaient été retiré. Les deux amies déjeunèrent en silence en échangeant entre elles de longs sourires.

Quand elles eurent fini leur collation, Nolwenn s’adressa à Phèdre.

- Je voudrais faire quelques pas dehors avec mon amie. Est-ce possible ?

- Evidemment, votre altesse, un parc jouxte le palais, il est réservé au maître et à ses proches.

- Je t’en prie, ne m’appelle pas altesse, ça m’horripile.

- C’est l’ordre du Maître.

Précédées de deux Huns en armes, elles parcoururent de longs couloirs aussi sinistres les uns que les autres malgré les illuminations et les décors en harmonie avec les lieux. Enfin elles débouchèrent dans une grande salle qui s’ouvrait sur un parc. Des sentiers fleuris serpentaient entre des bosquets et des cascades, elles se promenèrent un instant et découvrirent un banc sous des arbres entouré de parterres fleuris. Elles s’y installèrent. Les deux gardes se postèrent à distance respectueuse. Nolwenn prit les mains de son amie.

- Dis-moi Noémie, pourquoi m’as-tu rejointe dans cet enfer ?

La jeune noire la regarda en souriant.

- En réalité, je ne suis pas une Picaneros, mais une fée. J’ai pris l’apparence d’une Picaneros pour t’approcher.

Eberluée, Nolwenn se redressa.

- Une fée ? Non ! Ce n’est pas vrai. Je croyais qu’elles n’existaient que dans les légendes.

- Et oui, je suis une fée, mon vraie non est Charmante, mais continue à m’appeler Noémie.

- Mais alors, si tu es mon amie, tu vas pouvoir me sortir de là.

Noémie secoua la tête.

- Malheureusement non. Je n’ai pas ce pouvoir. D’accord, je peux t’aider car j’ai quelques petits dons, mais je ne peux rien contre l’abominable Effray qui lui aussi a des pouvoirs.

Encore un espoir qui s’envolait. Mais Nolwenn ne désespérait pas.

- Dis moi, quels sont tes pouvoirs ?

- Par exemple, Je peux me transformer et me déplacer dans l’espace en prenant la forme d’un oiseau ou de tout autre chose qui vole ou qui ne vole pas bien sûr. Je crois que ce peut être utile pour communiquer avec ton oncle.

- Oh oui, bravo, fit la jeune fille en tapant des mains. Et quoi encore ?

- Je peux aussi faire apparaître des personnages du passé.

- Ah ! fit Nolwenn déçue, ma religion interdit les évocations des personnes mortes, ou tout acte magique de la sorte.

- Mais non. Ce ne sont pas des invocations magiques, ce ne sont que des procédures, comme par exemple vous le faites dans un théâtre, des escamotages quoi. On prend le personnage d’une époque et on le transporte ici ou là. Tu vois rien de magique, ensuite il retourne où il était.

- N’importe qui ?

- N’importe qui.

11.

La première mission de Noémie fut de rendre visite aux parents de Nolwenn. Quelle ne fut pas leur surprise de voir le petit lézard qui s’était glissé par l’ouverture de leur geôle se transformer en jeune fille. Ils étaient au courant de la capture de leur fille et de l’intention d’Effray de l’épouser. Leur désespoir n’avait d’égal que leur immense tristesse. Mais ils furent néanmoins réconfortés de savoir que Noémie veillait sur elle. Par contre, les Huns s’étaient biens gardés de leur parler de la présence de Jacques dans les environs.

Et c’est ainsi, grâce à la petite fée que Nolwenn apprit que les deux villages avaient envoyés des émissaires dans tous les autres villages de la partie Sud, car ceux des parties Nord, Est et Ouest avaient été détruits au cours des raids des années précédentes et se reconstituaient lentement, conformément à la tradition. Les émissaires avaient pour mission de convaincre tous les habitants de se rallier à eux, dans la grande bataille qui s’annonçait. Jacques avait décidé d’attaquer la citadelle maudite le jour du mariage. Déjà les environs grouillaient de Picaneros qui harcelaient les Korgolans isolés en les criblant de flèches. Effray se vit contraint de créer des patrouilles de sécurité pour isoler les esclaves travaillant hors de la cité dans les cultures et les mines, afin qu’ils ne fussent pas libérés. Jamais de tels événements ne s’étaient produits dans le passé. Néanmoins, il n’était guère préoccupé par la situation. Quand il eut connaissance des intentions des Picaneros d’attaquer la citadelle, il partit d’un grand rire.

- Pauvres fous. Nous allons enfin pouvoir nous divertir. Au lieu d’aller les chercher, ce sont eux qui viennent à nous. Ils ne savent pas ce qui les attend.

Les officiers de sa garde rapprochée eux aussi se réjouissaient du futur grand spectacle qui leur serait offert. Dans la cité des Korgolans, dans la partie Nord de l’immense citadelle, des milliers de soldats excités affûtaient leurs armes. Boissons et vivres leurs étaient distribués généreusement. La fête commençait déjà.

12.

De longues tables avaient été dressées dans la cour devant la résidence royale, pour les Huns et leurs familles. Ne manqueraient qu’une cinquantaine d’officiers de garde, chargés de diriger les hordes de Korgolans devant assurer la défense de la citadelle avant de contre-attaquer et pulvériser les assaillants qui s’étaient massés autour d’elle. A l’intérieur de la citadelle, une enceinte de pierre haute de plusieurs mètres, isolait le palais du reste de la citadelle. Sur les murs de l’enceinte principale, tout était prêt pour recevoir les assaillants … s’ils avaient le courage de venir jusque là. Quelques canons à boulets y avaient été installés pour la forme, mais il n’était pas question de s’en servir. Il fallait surtout laisser les Picaneros approcher des fortifications et les arroser d’huile bouillante et autres ingrédients, tout aussi sympathiques, quand ils escaladeraient les murs. Ce serait tellement plus spectaculaire. Et pour clôturer, une bonne charge de plusieurs milliers de Korgolans. Quel spectacle ! La charge des Korgolans n’a rien de comparable à toute autre scène, aussi extraordinaire, fut-elle. Tous ici espéraient cette attaque, enfin de jouir d’un divertissement sur place.

Les longues séances d’essayages étaient terminées. Les deux dames d’honneur pénétrèrent dans la chambre de Nolwenn. Elles étaient superbes dans leurs longues robes décolletées serrées par un bustier scintillant de broderies colorées, rappelant l’époque de Charles VII. Elles firent une révérence et offrirent leurs bras à la promise. Noémie ramassa la longue traîne de son amie et les suivit.

Des larmes cristallines coulaient des yeux de la jeune fille. Le poids de son propre sort n’était pas la seule raison de son désespoir. Elle pensait à sa famille : ses parents, oncle Jacques et tous ces milliers de Picaneros qui allaient se faire massacrer pour rien. Comment ces pauvres gens pouvaient-ils être assez fous au point de penser pouvoir faire opposition à son mariage. Quant à elle, elle était fermement décidée à mettre fin à ses jours. Dès qu’elle serait conduite dans la chambre nuptiale, elle sauterait par la fenêtre, ainsi en avait-elle décidé. "  Que Dieu me pardonne murmura-t-elle. Je veux bien faire tous les sacrifices qu’il me demande, mais celui là, jamais ".

La grande salle de réception brillait de mille feux, dispensés par les lampes à pétrole accrochées aux colonnes et aux murs. Leurs lumières scintillaient dans les pierreries posées avec art reproduisant des formes de fleurs et d’oiseaux. Les Huns semblaient dotés de quelques qualités artistiques pour avoir ainsi décoré la vaste salle.

Elles avançaient dans une large allée, entre deux rangées de sièges recevant les dignitaires du royaume. Sur l’estrade encore plus resplendissante, quatre somptueux fauteuils étaient installés. L’un au centre où était assis le maître, un autre à ses côtés vide et de parts et d’autres deux occupés par des êtres étranges présentant quelques similitudes avec le physique du maître, mais tout aussi répugnants.

Quand elle fut au pied de l’estrade, ses deux dames d’honneur s’agenouillèrent et le maître se leva, déployant son horrible carcasse revêtue de rouge et de noir.

- Vous êtes splendide, voici les deux prêtres qui vont officier notre mariage.

Tout en parlant, il lui tendit la main pour l’inviter à s’asseoir sur le fauteuil à côté de lui. Les deux prêtres se levèrent et vinrent se placer face à eux. C’est alors qu’elle aperçut, au premier rang ses parents, encadrés de plusieurs Huns. Ils étaient pâles et amaigris, leurs visages portaient des traces de sévices. Son père essaya de se lever mais aussitôt ses gardes le forcèrent à s’asseoir.

Des hommes en tenue d’apparat apportait aux deux prêtres divers ustensiles que Nolwenn ne pouvait voir, les yeux toujours rivés sur ses parents. Sa mère lui envoya un baiser. Soudain, une formidable explosion ébranla le palais. Certainement un coup de canon. Nelson leva la tête surpris car il avait ordonné de ne se servir du canon qu’en dernière extrémité, ce qui dans les circonstances actuelles ne pouvaient se produire. Une lourde rumeur pénétrait dans la pièce bien qu’elle fut close. Une deuxième détonation tout aussi forte retentit de nouveau accompagnée d’importantes vibrations qui secouaient tout le palais au point de faire vaciller les flammes des lampes. Inquiet, Nelson se leva et sortit accompagné d’un autre officier. Les deux prêtres se retournèrent mais le maître leur fit signe de continuer la cérémonie. Rien dans ce monde, hormis quelques banals incidents ne pouvaient perturber la quiétude du maître. Sa garde était capable de faire face à tout événement quel qu’il fut.

Alors que les deux prêtres officiaient, Nelson revint, glissa quelques mots à l’oreille d’un officier et une grande partie des hommes quitta la salle. Seules les femmes et la garde personnelle du maître restaient, soit une quinzaine d’hommes. Imperturbable, Effray écoutait les prêtres et souriait à sa promise. Qui et quoi donc, ici dans ce monde, pouvait apporter quelques menaces à sa démesurée puissance ? La cérémonie terminée, il se promettait d’inviter son épouse et ses parents à assister du haut des remparts à l’anéantissement des Picaneros, en espérant que d’ici là, il en restât encore quelques uns.

Les prêtres avaient fini leurs laïus, Effray se tourna vers son épouse et lui dit.

- En ce jour mémorable, je suis prêt à vous accorder toutes les faveurs que vous désirez, et que ces vœux, soient le départ d’une affection et d’une collaboration sans nuages à la future procréation d’une lignée digne de notre union.

Maîtrisant ses larmes, Nolwenn murmura.

- Je veux que mes parents soient libérés.

- Accordé. Ils auront un appartement dans le palais, mais comprenez, et je le regrette infiniment, que je ne peux pas les laisser repartir car je sais qu’ils œuvreraient contre mon royaume. Avez-vous un autre vœu ?

- Oui ! Je crois que mon amie Noémie m’a réservée une surprise. Me permettez-vous de lui demander de me l’offrir.

- Accordé, fit le monstre dans un ricanement diabolique.

- Noémie, je t’en supplie. Prie le chevalier Bayard, qui toujours défendit bravement la vertu des femmes de venir à mon secours.

La jeune Picaneros se redressa et à la surprise de tous, se transforma en jeune fille élégante, vêtue de blanc, une baguette scintillante à la main.

- Chevalier Bayard. Une jeune fille te supplie et a besoin de toi, vole à son secours.

Amusé, le maître suivait la scène avec un petit sourire sarcastique au coin des lèvres. Soudain, il y eut une explosion. Toutes les lumières s’éteignirent, un voile opaque écrasa la salle, alors qu’un silence mortuaire saisissait les occupants. On entendit un petit bruit, puis plusieurs autres. Des pas qui s’avançaient dans le couloir. Très vite les occupants reconnurent le bruit des pas d’un cheval lourdement caparaçonné avançant dans l’allée. A la stupeur générale, alors que le brouillard se dissipait, un chevalier en armes apparut dans l’allée. Le maître furieux se leva.

- Je n’aime pas cette forme de plaisanterie ! Il avança la tête en se courbant et souffla. Des flammes jaillirent de sa bouche et entourèrent le chevalier, alors que tous les assistants épouvantés reculaient. Les flammes montaient jusqu’au plafond en dégageant une chaleur intense. On n’entendait plus que le bruit des pas du cheval qui continuait à avancer vers l’estrade. Il y eut un bruit métallique. Le bruit d’une épée qu’on retire d’un fourreau. Bayard fit tournoyer son épée dans l’air au dessus de sa tête. Des étincelles jaillissaient sur son parcours. Des éclairs zébraient l’atmosphère. Il y eut un grand floc et la tête du monstre roula dans l’allée, en produisant un jet de sang pestilentiel. L’épée tourna encore et les têtes des deux autres prêtres vinrent rejoindre sur le sol celle de leur maître. Plusieurs gardes essayèrent de s’interposer mais le même sort leur fut réservé. Les autres préfèrent s’enfuirent comme l’ensemble des invités. Ils ne purent aller loin, car les portes du palais s’ouvraient devant une armée imposante de Picaneros, conduite par oncle Jacques à la tête de ses troupes.

Nolwenn tomba dans les bras de sa mère. Les embrassades se prolongèrent longtemps.

- Mon Dieu ! Ma fille. Mais comment as-tu réussie à te sortir d’un tel enfer ?

- Tu vois, maman, maintenant, je suis grande, je peux me débrouiller seule … avec bien entendu, l’aide de Charmante. En réalité, je te révèle que Noémie s’appelle Charmante.

- Enfin ! J’ai tellement eu peur d’arriver trop tard, fit Jacques en secouant la tête. J’avais peur qu’ Effray s’en prenne à Nolwenn à la dernière minute.

- Oui, sans Bayard, les choses auraient pu se passer autrement, avoua la jeune fille.

- Où est-il, ce merveilleux chevalier, que je le félicite, demanda Jacques en tournant la tête de toutes parts.

- Il est retourné chez lui à Pontcharra.

- Il aurait pu attendre que je le remercie avant de repartir, grogna le vieil homme.

- Ce n’est pas grave, tu iras le remercier là-bas, en te recueillant sur son tombeau, répliqua la maman de Nolwenn. Mais dis-moi, Jacques, j’ai le sentiment et je ne m’en plains pas, que tu as transgressé nos lois, en utilisant des armes de destructions non autorisées par notre code.

- Oh des broutilles, de simples roquettes. Rassurez-vous, j’ai reçu l’autorisation, expliqua-t-il en levant les yeux vers le ciel. Des roquettes pour trouer la muraille et des canons paralysants pour les ennemis.

- Qu’allons nous faire de tout ce monde ? s’inquiéta Logonnec père.

- Nous allons parquer les Korgolans sous la surveillance de leurs anciens esclaves et après les avoir rendus herbivores, faire en sorte qu’ils ne se reproduisent pas. Quand aux Huns, délivrés de la tutelle néfaste d’Effray, je pense qu’ils reviendront vite à de meilleurs sentiments.

La citadelle rasée, les Picaneros purent reprendre leurs activités en paix. Nolwenn et Noémie promirent de se revoir. L’avenir seul pourra dire si cette promesse fut tenue.

 

Fin.

Vincent Patria Echirolles le 9 août 2000

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