Légende n°14 : Noël en montagne
Lhiver, dans notre petit village de montagne, nous avons limpression de mourir à petit feu. Cette année la neige est arrivée plus vite que les autres années et si elle se prolonge trop longtemps nos maigres provisions ne nous suffiront pas pour passer lhiver. Pendant la belle saison, toujours trop courte en montagne, nous travaillons dur pour les réaliser, pour constituer nos réserves de victuailles et de bois. Notre saloir placé dans la souillarde ouverte au vent glacé, derrière la cuisine, est plein, ainsi que les jarres contenant nos volailles et les grives que papa a piégées lorsquelles sont passées. Ses piéges sont fait de petits tas de pierres au centre desquels il place quelques grains de blé et dont lune des pierres est en équilibre instable et tombe au moindre frémissement. Le jambon et les bons morceaux sont réservés aux jours de fêtes. Le soir, nous mangeons une soupe faite dun bout de couenne salée et de pain, parfois on y place un os de côtelette ou un cou de poulet. On conserve nos pommes de terre dans la cuisine pour ne pas quelles gèlent.
Aujourdhui, elle est venue chez nous. La porte sest ouverte et sa grande masse sombre est apparue sur le seuil. Avec elle, cest le malheur qui entre chez nous. Maman pleurait près du poêle alors que papa ouvrait notre saloir. Elle est repartie en ricanant serrant notre plus beau jambon sous son manteau maléfique. Cest cette maudite sorcière qui " raquette " notre village. Elle effraie tous les habitants du village qui tremblent deffroi dès quelle apparaît. Nous ne pouvons rien contre ses puissants sortilèges, tous ceux qui par désespoir ont essayé de lui résister sont morts dans des circonstances étranges et bien souvent tragiques. Angélique est sa dernière victime. Par pitié pour nous elle a quitté la ville dans la vallée et sest installée chez nous pour nous enseigner les brides de connaissances qui nous sortiront de lillettrisme. Ainsi dit-elle les jeunes pourront descendre dans la vallée et y trouver un travail ce qui les aidera à sortir de la misère. Cest la seule qui a osé sopposer à la sorcière. Elle est maintenant gravement malade, au lit depuis plus dune semaine, ne mange plus, ne peut plus bouger. Les vieux disent quelle nen a plus que pour quelques jours. Tout le village est consterné, malheureusement nous ne pouvons rien faire. Le mauvais sort que lui a jeté la maudite sorcière fait son uvre. Tonio a commencé à creuser sa tombe dans le cimetière avant que le sol ne soit gelé trop profondément. Maman pleure, papa est découragé et moi, je souffre terriblement de les voir ainsi. Ma petite sur elle, est trop jeune pour comprendre ce qui se passe. Elle joue avec la poupée que papa lui a faite. Moi aussi je suis malheureux. Jai erré toute la journée dans la neige autour du village. Je ne puis mempêcher de regarder là-bas, à lentrée de la forêt où vit cette maudite sorcière. Plus personne nemprunte le chemin qui autrefois nous permettait daller dans cette forêt, les hommes ont construit un autre sentier qui contourne ce lieu maudit.
Je nai pas fermé lil de la nuit. Je pense à la peine de mes parents, à la gentille et jolie Angélique qui se meure dans son lit.
- Tu te lèves bien tôt, me fit papa en train dattiser le feu. Tu as eu froid cette nuit ?
- Non papa, je nai plus sommeil. Tu sais papa, tant pis si pour Noël on ne mangera pas une tranche de jambon.
Il secoua la tête comme sil était content que je dise ça.
- Alors viens te chauffer, la sorcière na pas pris notre bois, il nous reste encore ça. Je me demande à qui elle va le réclamer. Cest aujourdhui quelle exigera dêtre approvisionnée en bois mais on ne sait pas quelle famille sera désignée, elle agit toujours ainsi pour torturer son monde. Il nous faudra garder quelques bûches pour eux.
Jembrassai maman prostrée sur sa chaise en train de tricoter un châle pour Marie ma petite sur.
Papa lui apporta une tasse de café quelle refusa. Devant son insistance elle lui rappela que les Charpenay nos voisins les avaient invités à prendre le café chez eux, certainement pour essayer de les réconforter. Quand Marie se réveilla, ils partirent tous les trois.
Moi, jétais décidé à faire quelque chose. Quoi ? je nen savais rien. La sorcière avait toujours déjoué tous les pièges que quelques courageux avaient fomentés contre elle ce quelle leur avait chèrement fait payer. Soit par la mort soit par des maladies graves. Profitant de labsence de mes parents, je pris dans le saloir une épaule de notre cochon. Avec le grand couteau de cuisine, je le perforai de trous profonds. Puis, je pris derrière le tas de bois le petit flacon de poison dont mon père se servait pour tuer les rats, où les taupes et jen versai quelques gouttes dans les trous de lépaule.
Sans trop réfléchir, mais dun pas décidé je pris la direction de la tanière de la sorcière. Pour ne pas la rencontrer jévitai le chemin direct et fis un long détour en longeant la lisière du bois. Je menfonçai profondément dans la neige, mais la neige, ça me connaît. Tous les montagnards comme nous savent ce quil faut faire et ne pas faire dans la neige. Enfin, jarrivais près du but, je me tapis au pied dun gros sapin et attendis. La tanière était en fait une grotte dans les rochers, avec une fissure qui laissait passer la fumée de la cheminée. Il faisait froid, mais par chance, je nattendis pas trop longtemps. Le rocher faisant office de porte pivota et la sorcière apparut accompagnée de son énorme loup. Elle caressa la bête et lui ordonna de rester devant la porte pour garder la maison, puis elle prit le sentier en direction du village en ricanant et se frottant les mains. Elle disparut rapidement et cest alors que le loup, les oreilles droites, dressa la tête et se mit à humer lair. Il tourna sa gueule de mon côté. Impressionné par la vue de cette terrible bête je menfonçai un peu plus dans les taillis autour des sapins. Puis il baissa la tête et savança dans ma direction. Dabord doucement, le nez au ras de la neige, la queue relevée. Sans aucun doute il avait détecté ma présence. Sans hésitations je grimpai dans larbre. Cette fois jétais découvert car le monstre se mit à courir pour arriver en quelques secondes au pied de larbre. Il ouvrait une gueule énorme armée de dents acérées et se mit à grogner, debout, les pattes de devant contre le tronc. Un instant je crus quil allait grimper. On ne sait jamais avec ces animaux de sorcières. Peut-être était-ce un homme déguisé en loup. On raconte tant de choses aux villages que nos cerveaux en sont dérangés. Par mesure de sécurité je plaçais quelques branches supplémentaires entre nous. Bien men prit, car le loup fit un bond prodigieux et sans une branche en dessous de moi qui stoppa son élan il mattrapait. Je grimpai plus haut et malheureusement, dans ma précipitation, lépaule que je destinais au saloir de la sorcière tomba. Juste sur la tête du loup, ce qui le rendit furieux . Il entreprit alors une danse effrénée autour de larbre, ponctuée de sauts impressionnants. Je fis pipi dans ma culotte tant jétais effrayé, sa longue langue rouge écumante de bave pendait démesurément hors de sa gueule hérissée de ces crocs menaçants qui métaient destinés. A un moment, il se retrouva le nez sur lépaule de notre cochon, étalée dans la neige. Il la flaira, tourna autour puis de rage planta ses crocs dans la viande. Après lavoir mordue, ballottée dans tous les sens il et se mit à la dévorer. La vitesse avec laquelle il dévora lépaule me terrifia davantage. Jen profitai pour grimper un peu plus haut. De là haut, japercevais notre petit village enfoncé dans son malheur et sa peur. A mes pieds je vis le loup décrire des cercles autour de larbre comme un fou. Il tomba, se releva, se déplaçait de plus en plus lentement. Ses chutes devenaient plus fréquentes. Enfin, il sallongea au pied de larbre darda sur moi ses yeux injectés de sang avant de laisser sa tête sa tête plonger lourdement dans la neige. Son corps fut saisi de violents frémissements puis plus rien. Il gisait immobile au pied de larbre. Etait-il réellement mort ou feignait-il de lêtre ? Il faut toujours se méfier avec un loup de sorcière. Contrairement à ce que vous pensez, sa mort ne me réjouissait pas. Quelle allait être la réaction de la sorcière quand elle découvrirait son loup empoisonné ? Elle sen prendrait sûrement à moi et aussi à ma famille. Alors que mon expédition au départ semblait des plus hasardeuses, elle devenait maintenant périlleuse et dramatique. De toutes façons, je ne pouvais rester perché sur mon arbre à attendre le retour de lenvoyée du diable. Je descendis prudemment, restais indécis sur la décision à prendre. Perdu pour perdu, joptais pour la tanière de la sorcière. Peut-être quen mélangeant le contenu de ses fioles je réussirai à contrarier, voire retarder ses maléfices. Tout le monde sait que les sorcières utilisent de nombreux ingrédients pour lancer leurs maléfices. Par chance la porte nétait pas verrouillée, je fis un pas à lintérieur et soudain restais cloué de stupéfaction. La pièce était immense. Un grand feu dans la cheminée entretenait une douce température. De nombreuses lampes à huile aux lumières vacillantes donnaient un aspect fantasmagorique aux choses. Un nombre invraisemblable dingrédients dans des boites, des fioles, des bouteilles aux formes bizarres, peuplaient les nombreuses étagères qui couraient contre les parois, parmi des squelettes, des cranes humains, des animaux empaillés. Des sacs dans tous les coins pleins de matières aussi diverses quétranges saccumulaient contre les murs. Un hibou et un chat huant me regardaient de leur il torve. Pendu dans un coin de la cheminée, un grand chaudron fumait répandant dans la pièce une odeur nauséabonde. Je devais faire vite. Jattaquais la première étagère avec lintention de mélanger les produits des fioles, quand soudain, jentendis une voix :
- Que fais-tu ?
Malgré la peur qui me paralysait je réussis à tourner la tête. Rien, je ne voyais personne. Toujours pas rassuré je poursuivais lexamen de la pièce.
- Que fais-tu ? répéta la voix.
Etait-ce les deux oiseaux qui me parlaient ? Pourtant toujours immobiles sur leurs perchoirs ils semblaient afficher une indifférence totale à ma présence. Dailleurs, la voix venait à lopposé. Cest alors que je remarquai un drôle doiseau enfermé dans une cage posée sur un haut tabouret. Il ressemblait à un perroquet. Javais entendu dire que de tels oiseaux parlaient. Bien sûr, je nen avais encore jamais vu, cest mademoiselle Angélique qui nous en avait parlé en nous montrant des dessins. En hésitant, je mapprochais de lui.
- Je vais mélanger les produits des flacons pour que la méchante sorcière ne puisse plus nous ensorceler, lui dis-je, comme sil pouvait comprendre ce que je me disposais à faire.
- Cest très dangereux, mon garçon, tu peux provoquer des explosions qui taveugleraient ou te tueraient.
- Je dois faire quelque chose. Elle nous vole notre nourriture et nous risquons de mourir de faim avant la fin de lhiver.
- Ecoute petit Albert, ce nest pas la bonne solution. Tu vas dabord me sortir de là.
Je fus pour le moins surpris dentendre ce curieux oiseau mappeler par mon prénom mais dans une antre de sorcière il ne faut sétonner de rien. Jallais ouvrir la porte de la cage, quand soudain, une autre peur me prit. Et si cet oiseau était un comparse de la sorcière et sapprêtait à me jouer un sale tour ou bien décidait daller lavertir.
- Tu te méfies Albert. Crois moi, je ne te veux aucun mal. Ouvre.
" Perdu pour perdu, pensais-je une nouvelle fois, on verra bien ", jouvris la porte.
Loiseau senvola puis se mit à virevolter autour de moi.
- Merci Albert. Maintenant, tu vas faire ce que je te dis. Prends un bol dans le placard.
Voilà quil me donnait des ordres. Au point où jen étais, que craindre de pire que le sort qui mattendait alors je mexécutais.
- Tu prends une pincée dans ce bocal, maintenant tu coupes un morceau de cette racine, tu ajoute une goutte de cette fiole. Tout en parlant, il tournait autour des récipients ou les piquait de son bec, pour me les indiquer. Cest fou ce que jai pu mettre dingrédients dans ce bol. A la fin, il me fit verser une louche de la potion qui fumait dans le chaudron où macéraient des choses horribles : serpents, crapauds et dautres horreurs que je ne reconnus pas. A la fin, je déposai le bol plein à ras bord sur la table et mon oiseau sempressa de dévorer cette potion pestilentielle.
Soudain une forte explosion secoua la caverne. Des objets tombaient des étagères. Des flammes accompagnées de myriades détincelles coururent dans tous les sens comme dans un feu dartifices. Effrayé je me dirigeai vers la porte, les yeux toujours rivés au centre de la pièce. Une épaisse fumée se répandait dans tout le local. Une envie folle de déguerpir à toutes jambes me prit quoique je savais très bien que la sorcière me retrouverait, mais la peur me paralysait et je ne pouvais plus bouger. Comme par enchantement, la fumée devint plus claire. De plus en plus claire. Maintenant elle était transparente. Jécarquillai mes yeux victime dune hallucination. Un grand homme noir revêtu dune cape noire et dun grand chapeau pointu se tenait au milieu de la pièce. Il toussota, me regarda. Je voyais ses énormes yeux blancs fixés sur moi.
- Qui êtes-vous ? lui demandais-je tremblant de peur.
- Je suis un sorcier blanc.
Un sorcier blanc ? mais il était noir, comme ces hommes que mavait montrés Angélique sur son livre. Il devinait mes pensées car il me dit.
- Un sorcier blanc, cest un sorcier qui lutte contre le mal. Cette maudite sorcière mavait transformé en oiseau et me retenait prisonnier dans cette cage. Grâce à toi me voici libéré.
- Quand elle va revenir, elle va vous transformer à nouveau et sen prendre à moi, dautant plus que jai tué son loup.
- Ne crains rien mon petit Albert. Jai retrouvé ma puissance et de plus maintenant je connais tous ses secrets. On va lui faire une surprise. On va faire exploser sa tanière.
Soudain, il me vint une idée.
- Monsieur, monsieur, avant, jaimerais récupérer le jambon quelle nous a volé et lépaule que jai donné au loup. Nous en avons besoin pour tenir jusquau printemps.
- Ne bouge pas petit.
Il fit plusieurs gestes bizarres, prononça des mots incohérents et à ma grande surprise je vis plusieurs saloirs regorgeant de victuailles sortir de la tanière et se ranger dans la neige derrière nous.
- Maintenant, attention, la fête va commencer.
Il prit des sacs et des flacons quil jeta dans la cheminée, puis sélança dehors en mentraînant. Nous courûmes ainsi jusquà ce quune énorme explosion ébranla toute la montagne. Puis ce fut des volées détincelles qui jaillirent dans le ciel, poussées par dénormes flammes qui dansaient en sifflant dans lespace. Nous sommes restés ainsi longtemps à contempler le spectacle puis il me prit par la main et mentraîna vers le village. Toute la population alertée par les explosions et les flammes sétait rassemblée à lentrée du village et stupéfaite nous regardait venir vers eux. Lourdement chargé avec mon jambon sous un bras et lépaule sous lautre javais du mal à le suivre. Dès quils me reconnurent, mon père et ma mère sélancèrent vers moi, tremblants de peur en me voyant avec ce grand inconnu noir, redoutant toujours un autre maléfice de la sorcière. Maman me serrait dans ses bras en pleurant. Mon père craintif mais prêt à se battre pour me défendre dévisageait cette homme qui pourtant lui souriait.
- Papa, papa, cest un ami.
- Monsieur, je tiens à vous féliciter, vous avez un fils courageux. Il ma délivré des griffes de la sorcière.
On aurait dit que le ciel leur tombait sur la tête tant ces paroles leur paraissaient irréelles, stupéfiantes, invraisemblables.
- Ah , fit en chur, la population rassemblée autour de nous, tremblante de peur en pensant à la réaction de la sorcière.
- Mais, le loup ? demanda mon père à la fois incrédule et inquiet.
- Il sen est débarrassé. Quand je vous disais quil était courageux ce petit Albert.
- Ah ! fit de nouveau la population encore plus craintive et inquiète. Mais la sorcière va se venger.
A ce moment, un cri guttural nous perça les tympans et la sorcière en vociférant plongea sur nous, semant la terreur parmi les villageois.
- Halte vile sorcière ! fit le sorcier blanc en pointant ses bras sur elle. Tu nes plus rien maintenant. Ta tanière est détruite. Jai maintenant plus de pouvoirs que toi et je peux tanéantir. Dépêche toi de fuir avant que je ne change davis.
Un silence de mort retombait sur nous alors que la sorcière proférait ses incantations en gesticulant comme une folle. Le grand noir partit dun grand éclat de rires.
- Satanus ! Cubitus et Omérus ! Tu nas plus de pouvoirs. Tu nes plus rien.
Maintenant, je devais montrer à mes amis que jétais bien le petit garçon courageux que le grand magicien avait décrit. Je me baissai, fit une boule de neige que je lançai sur la sorcière. Ma boule latteignit en plein visage lui clouant le bec. Mon geste fut suivi dune salve dapplaudissements ponctués de cris de joie. Je venais dentrer dans le monde des héros. Aussitôt dautres enfants mimitèrent et la sorcière senfuya poursuivie par les enfants qui la criblaient de boules de neige.
- Vous voici débarrassés de cette maudite sorcière. Vous ne craignez plus rien. Grâce au petit Albert vous voici libérés. Maintenant, je dois vous quitter car dautres tâches mattendent dans le monde. Avant, je voudrais te remercier mon petit Albert. Fais un vu et je lexaucerai.
Je navais pas à me creuser la tête pour découvrir mon vu le plus cher. Je pris mon nouvel ami par la main et lentraînai dans le village. Nous sommes entrés tous les deux dans la maison suivis par tous les autres. Elle était là, allongée sur le lit, rendant ses derniers soupirs à la vie.
Cornélius savança vers elle posa ses mains sur son visage et récita de longues suppliques dans une langue que je ne comprenais pas. Quelques instants plus tard, Angélique ouvrit les yeux. Cest moi quelle vit en premier.
- Cest toi, mon petit Albert, fit-elle en me souriant. Mon Dieu que marrive-t-il ? je crois que jai dormi longtemps. Elle sassit sur son lit et dévisagea Cornélius. Qui est ce monsieur ? me demanda-t-elle.
- Cest un grand docteur qui est venu te soigner. Tu avais pris froid Angélique, lui répondis-je ému comme un petit garçon que jétais. Emu mais tellement heureux.
- Ah ! Je me sens bien, je vais me lever.
Elle se leva, provoquant ainsi parmi nous une intense émotion. Des femmes pleuraient, sembrassaient. Cornélius mentraîna dehors.
- Albert, je suis content davoir fait ta connaissance malheureusement, je dois te quitter.
Tout le village nous avait suivi dans la rue. Cornélius fixait lentrée du village où une masse sombre venait dapparaître et se dirigeait vers nous. Lorsquils furent près de nous, je reconnus aussitôt un superbe troupeau de sangliers.
- Albert, ils sont à toi. Je te les offre pour te remercier de mavoir libéré. Je te souhaite un bon Noël à toi, ta famille et tout le village. Maintenant, nous devons nous quitter. Adieu. Ou plutôt au revoir.
- Au revoir Cornélius, fis-je des sanglots dans la voix. Merci de nous avoir sauvés.
- Cest moi qui te remercie de mavoir sauvé. Je te devais bien ça.
Bien vite, trop vite pour moi, sa grande silhouette sombre disparut à lorée de la forêt. De chaudes larmes coulaient de mes joues. Maman me serra dans ses bras.
- Mon petit comme je suis fière de toi.
- Nous sommes tous fiers de toi mon petit, renchérit papa.
Puis, mon père prit sa grosse voix et sadressa à notre petite population groupée autour de nous et du troupeau de sangliers.
- Mes amis, demain cest Noël. Nous allons fêter tous ensemble le départ de la sorcière et le retour de la paix parmi nous ainsi que le rétablissement dAngélique. Je vous invite tous. Nous choisirons le plus beau sanglier, sous réserve évidemment que vous maidiez à le préparer. Nous passerons Noël tous ensemble dans la joie.
Un immense cri de joie salua son invitation et soudain je me sentis soulevé de terre. Des mains vigoureuses me saisissaient pour un tour dhonneur autour du village qui se déroula sous les applaudissements, les chants et les cris de joie.
Après plusieurs tours ils me déposèrent devant la maison dAngélique. Elle était là, debout devant la porte. Elle me tendit les bras et me serra bien fort contre elle.
- Mon petit Albert, jai appris ce que tu avais fait. Tu es un garçon merveilleux et je ne sais comment te remercier davoir utilisé ton vu pour me sauver alors que tu aurais pu demander tant de bonnes choses pour toi.
- Tu sais Angélique, nous taimons tous, tu es venue ici pour nous instruire, nous sortir de lignorance. Tu as failli perdre la vie pour nous. Je te devais bien ça.
Elle me serra de nouveau dans ses bras et membrassa sous les applaudissements. Mon père me tendit la main.
- Cest très bien mon fils davoir pensé à quelquun dautre que toi. Jen suis très heureux. Notre Noël nen sera que plus beau.
Fin
Vincent Patria Echirolles le 18 Decembre 2002