Enigme n°4
Hold-up à la banque
Tous les lundi matin, c'est la même chose, Papa fait un crochet par le centre ville, pour se rendre dans son bureau de tabac consacré, faire son loto. On dirait qu'il n'est jamais pressé d'aller au commissariat le lundi matin. Comme vous pouvez vous en douter, il a toujours de bonnes raisons. D'ailleurs, n'est-il pas le premier à dire :"Les gens de mauvaises foi ont toujours de bonnes raisons". Soit il a fini très tard le samedi, soit il a été dérangé le dimanche et patati et patata Je commence les cours à 8h30. Il est 8 heures et ça fait déjà 10 minutes qu'il est entré dans son tabac. On dit que les femmes sont bavardes et ce n'est bien sûr pas le cas pour les hommes. Ah ! J'oubliais, le lundi il y a le résultat des matchs du dimanche. Vous n'ignorez certainement pas qu'il y a longtemps que Grenoble aurait été champion de France si les arbitres faisaient mieux leur boulot. Combien de fois n'a-t-il pas répété: "Même Bianco a reconnu que le drop était bon et ce salopard d'arbitre l'a refusé". Les autres années c'était autre chose. Moi j'en ai marre d'attendre dans la voiture, je vais faire un petit tour. J'aime bien regarder les vitrines des magasins, d'accord, mais 5 minutes, ça va, après c'est la barbe. Entre le bureau de tabac et la banque à côté j'aperçois une personne âgée qui sort de l'immeuble et s'avance en hésitant sur le trottoir. Elle a pas l'air très sûr d'elle la petite vieille. Elle s'arrête au bord du trottoir et j'ai bien l'impression qu'elle veut traverser. Des voitures sont garées en épi contre le trottoir et bien que ce soit une contre allée, les voitures passent très vite. J'ai du mal à comprendre que des gens puissent courir pour aller travailler. Je m'avance vers la dame.
- Voulez-vous que je vous aide à traverser madame ?
La dame me regarde et me sourit.
- Oh ! Que c'est gentil, je n'ai pas une bonne vue, j'ai du mal à voir arriver les voitures. Traverser la contre allée me donne une peur bleue. Ils roulent comme des fous ici.
Je lui pris la main.
- Vous allez où ?
- Juste en face. Tu vois l'arrêt du Bus.
Le bus passait alors que nous étions à mi parcours.
- Zut je l'ai raté, si j'arrive en retard le docteur va pas être content.
- Rassurez-vous madame, à cette heure, il y en a un toutes les 5 minutes. Vous avez bien 5 minutes d'avance ?
- J'ai tellement peur d'être en retard que je m'accorde toujours 30 minutes de battement.
- Ben ! Vous voyez, rien de grave.
On arrivait. Dans l'abri du Bus, un type lisait son journal, assis au milieu du banc, les jambes croisées en occupant presque toute la place.
- Seriez-vous assez aimable de vous pousser un peu monsieur ? lui demandais-je gentiment.
Il baissa lentement son journal, me dévisagea d'un il froid, presque méchant. Rendez-vous compte, une gamine qui se permet de faire des remarques à un monsieur. Son visage allongé semblait aussi accueillant qu'une porte de prison. Il avait de méchants yeux noirs et une petite boucle à une oreille. Sa chevelure très brune accentuait son type sicilien.
Sans empressement il se poussa pour laisser une petite place à la petite vieille et reprit la lecture de son journal. J'abandonnai la brave femme et regagnai la voiture en faisant un petit détour afin de passer un peu de temps à lécher les vitrines, tout en surveillant du coin de l'il la porte du bar tabac. Je me demandais si je rêvais mais en passant près entre les voitures stationnées, je vis dans l'une d'elle un homme qui ressemblait comme une goutte d'eau à celui que j'avais vu dans l'abri. Pendant ma promenade le bus était passé. Enfin papa sortait.
- Déjà 8h15, j'aime pas arriver en retard à l'école, dis-je à papa sur un ton râleur, mais brusquement l'envie de vérifier quelque chose me prit. "2 secondes papa, je t'en prie lui" demandai-je en m'éclipsant rapidement.
- Alors ? me demanda-t-il lorsque je revins.
- Que ferais-tu si tu voyais quelqu'un attendant le bus à un endroit et juste après dans une voiture ?
- Je vérifierais afin de savoir si je n'ai pas eu de visions ou d'hallucinations.
- C'est ce que je viens de faire. Les deux hommes se ressemblent mais heureusement pour moi, ce n'est pas le même.
- Si tu veux être commissaire plus tard, tu dois développer ton sens de l'observation. Dis-moi ce qui te les a fait confondre ?
- Grands tous les deux, vêtus d'un blouson noir, le visage allongé, des cheveux très bruns et ce qui m'a le plus intrigué c'est que l'homme dans la voiture portait une boucle à l'oreille droite et que l'autre, dans l'arrêt du bus avait aussi une boucle à une oreille. Curieux non ?
- En effet, on pouvait les confondre, avoua-t-il en me souriant.
A 17h30, je fus surprise par l'accueil qu'on me fit en arrivant au commissariat.
- Dépêche-toi Anaïs, on a besoin de toi, ton père t'attend.
Papa me vit arriver et m'expliqua la situation.
- Ce matin, nous avons failli être les témoins d'un hold-up à la banque à côté du bureau de tabac. Il a eu lieu à l'ouverture, à 8h30, dix minutes après notre départ. Grâce à la description que tu m'as faite du bonhomme un peu louche dans la voiture, on l'a vite identifié. Il s'agit de Maserati. Il est sorti de prison hier et il n'a pas attendu pour reprendre du service. Avec ses complices ils ont braqué la banque et ont pris la fuite. Ils étaient masqués donc impossible de les reconnaître. Heureusement que tu m'as fait une bonne description d'un suspect. On vient de le cueillir il y a à peine une heure. Evidemment il nie.
Nous arrivions vers la salle des interrogatoires. A travers la glace sans tain, il me montra l'homme.
- Tu vois, Anaïs, il est grand, brun, les cheveux courts, le visage allongé, il a l'oreille gauche ornée d'une petite boucle et il porte un blouson sombre. C'est bien lui ?
- Non papa, tu as mal écouté ce que je t'ai dit. Tu peux le relâcher.
Fin.
Anaïs Blondel Echirolles le 16 mai 2000 Alors, vous avez trouvé ?
Salut ! A bientôt pour une autre énigme.