Enigme n°3

L'affaire Sébastien.

Il était 11 heures lorsque les gendarmes pénétrèrent dans la classe. Il y eut un petit conciliabule entre les gendarmes et Mademoiselle Eloïse, puis elle s'adressa directement à un élève, de la tristesse mêlée à un peu d'étonnement dans la voix.

- Sébastien, ces messieurs veulent te parler, il faut que tu les suives. J'espère que ce ne sera pas long, ajouta-t-elle d'un air peu convaincu.

Sébastien se leva, les yeux hagards, ne sachant trop quoi penser de ce qui lui arrivait. Que des gendarmes se déplacent pour venir vous parler, ce n'est pas toujours très grave, mais ça cache souvent quelque désagréable surprise. Il jeta un dernier regard sur mademoiselle Eloïse, sur ses camarades et ses yeux s'attardèrent plus longuement sur Anaïs, qui fut bouleversée en lisant dans son regard un véritable appel au secours.

Lorsqu'ils furent sortis, Anaïs se leva et s'avança vers le bureau de la maîtresse.

- Que se passe-t-il ? mademoiselle Eloïse.

- Un tableau d'une grande valeur a disparu chez monsieur Tavernier, le voisin de Sébastien. Les gendarmes ont retrouvé des indices qui accusent Sébastien. Ils vont l'interroger.

- Sébastien voler un tableau de maître, c'est impossible, il n'y connaît rien en peinture.

- C'est bien ce que je pense, mais les gendarmes sont convaincus qu'il avait un complice, ou qu'il a agi sous l'influence de quelqu'un.

- J'aimerais bien aller voir sur place.

- Je sais Anaïs que tu aimes bien démêler les histoires à problèmes, mais je ne peux pas t'autoriser à quitter la classe. Il est 11heures15, tu pourras partir à la demie, mais sois de retour à 14 heures, sinon je suis obligé d'avertir tes parents.

A 11heures30 Anaïs enfourcha son vélo et fonça en direction de la luxueuse maison de monsieur Tavernier. C'est toute essoufflée qu'elle s'engouffra dans l'allée bordée d'arbres. Le portail était grand ouvert et plusieurs voitures de la gendarmerie stationnaient près de la maison. Aussitôt un gendarme vint vers elle pour lui intimer l'ordre de partir si elle ne faisait pas partie de la famille.

Alertée par le bruit le capitaine Lixon en grande discussion avec le juge vint vers elle.

- Laissez sergent, fit-il au gendarme, je la connais, c'est la fille du divisionnaire Blondel. C'est une petite curieuse, comme son papa. Et s'adressant à elle il poursuivit. Alors Anaïs on vient espionner la gendarmerie ?

- Mais non capitaine ! Vous avez inculpé Sébastien et je voulais vous dire que ce petit maigrelet, peureux comme une souris ne peut pas avoir volé ce tableau.

- Tarata ta ! D'abord il n'est pas encore inculpé il est seulement entendu comme témoin.

- Oh ! Je connais la musique.

- Il faut reconnaître que de lourdes charges pèsent sur lui. Viens je vais t'expliquer. Tu sais, je devrais pas le faire mais, par sympathie pour ton père …. et pour toi.

Il l'entraîna sur le côté de la maison et lui montra la fenêtre de l'étage située à environ 3 mètres du sol.

- Le voleur est passé par cette fenêtre, à travers les barreaux. Faut pas être gros pour passer entre les barreaux, ton freluquet d'ami, lui peut passer.

- C'est haut !

- Oui ! Il y a deux solutions. Soit grimper sur les épaules de quelqu'un, soit placer une échelle. Tu vois, il y en a justement une contre le garage, elle est suffisamment haute puisqu'elle est constituée de deux éléments de quatre mètres, soit 8 mètres.

Anaïs s'approcha du mur où une rangée de rosiers étaient plantés sur une bordure de 50 centimètres. Aussitôt un homme âgé vêtu d'un tablier et d'un grand chapeau s'approcha d'eux en rouspétant.

- Eh ! Attention ! faut pas marcher sur ma plate bande je l'ai bêché hier soir. Je veux qu'elle reste impeccable.

- Vous en faites pas, père Dubois, on marchera pas dessus, pour l'instant….

- On a retrouvé la casquette de Sébastien près de ce rosier, sous la fenêtre.

- Quelqu'un l'a vu ? Interrogea l'adolescente.

- Oui ! Otto, le chauffeur, il venait au garage sortir la voiture quand il a aperçu Sébastien qui s'enfuyait et disparaissait dans la rue.

- Le portail était ouvert ?

- Sûrement, sinon Otto l'aurait rattrapé.

- Il était quelle heure ?

- 8 heures30, l'heure à laquelle Sébastien aurait dû être à l'école.

- En effet, il est arrivé en retard à 9 heures, il s'est excusé auprès de la maîtresse en lui disant qu'il avait les roues de son vélo qu'il laisse dans sa cour, crevées.

- Et ce n'est pas tout, on a retrouvé dans la cour de la maison de Sébastien un briquet en or qui provient de la même pièce de monsieur Tavernier. Il a dû le perdre dans sa précipitation. Tu vois ma petite Anaïs, tout accuse ton ami.

- Est-on certain que le voleur soit passé par la fenêtre ?

- Certain ! Monsieur Tavernier est un monsieur méfiant, la porte de la pièce où il a des objets de valeur est toujours fermée à chef. La serrure est d'un modèle inviolable.

- Oh ! On peut pas dire que ce soit un monsieur très méfiant, disons qu'il est précautionneux. S'il était méfiant il ne me laisserait pas la clef du portail, intervint le jardinier.

- Pourquoi la clef du portail ? demanda le capitaine Lixon.

- Parce que lorsque j'arrive le matin, à 8 heures30, le portail est encore fermé.

- Personne ne sort donc avant 8heures30 ?

- Il y a un petit portillon derrière la maison et de là, on est plus vite en ville si on ne prend pas la voiture. C'est par là que passent en général la cuisinière et Otto pour amener son fils à l'école. Ce matin j'étais un peu en retard, je suis arrivé à 8heures45, mais monsieur Tavernier n'est pas regardant pour les horaires, pourvu que le travail soit fait et bien fait. Tenez, le voici qui arrive. Il vient aux nouvelles.

Un monsieur âgé, voûté, appuyé sur une canne s'avançait vers le groupe de personnes. Son crâne s'ornait de quelques cheveux argentés, malgré les profondes rides, son visage reposant restait agréable à regarder.

- Votre enquête avance capitaine ? Il me tarde surtout de retrouver ce tableau, j'y étais très attaché. Ah ! Otto, pourriez vous ranger la grande échelle dans le garage. Je crois qu'il vaut mieux ne plus la laisser au vu et à portée de mains des petits chenapans. Elle est lourde, peut-être pourriez-vous vous faire aider par quelqu'un.

- Oh ! Inutile monsieur Tavernier, je suis capable de porter une échelle de 8 mètres. Mais je crois que les policiers désirent l'utiliser pour procéder à la reconstitution du vol. Si vous le permettez je le ferai tout à l'heure, il est midi, je dois récupérer mon fils à l'école.

- Il ne mange pas à la cantine ?

- Non ! Il est tellement maigre que je préfère l'avoir à la maison pour le faire manger.

Le juge Aubier tenant Sébastien par la main, s'approcha de Lixon.

- Faites placer l'échelle, Sébastien va nous montrer le chemin par où il est passé ce matin.

Sébastien en pleurs baissait la tête. Anaïs s'approcha de lui.

- Fais ce qu'ils te disent Sébastien. Ne crains rien. Je sais que ce n'est pas toi le voleur.

- Vous ne devriez pas lui donner de fausses joies, vous n'avez aucune preuve de son innocence, mademoiselle Anaïs.

- Mais si, monsieur le juge. Le voleur en a trop fait pour faire accuser Sébastien.

Fin.

Anaïs Blondel Echirolles le 28 Avril 2000

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