Enigme n°12

Leçon d’histoire

Mademoiselle Eloïse nous demande de préparer à la maison, un devoir d’histoire : " Nous sommes en 732, les sarrasins poursuivent l’invasion de l’Europe. Après l’Europe centrale, l’Espagne et l’Aquitaine ils montent sur Paris. Parlez-nous de la bataille qui stoppa leur avance. ".

Elle s’est adressée tout particulièrement à Pierrot pour lui demander de faire un devoir sérieux. Pierrot est un gentil garçon mais parfois sa tête trotte dans les nuages et c’est pour cela qu’avant de rendre sa copie à la maîtresse il m’a demandé mon avis. Je vous la lis.

" Le roi de France de l’époque, Jacques Chirac, monté sur son fidèle destrier, Nicolas Sarkozi, s’élança à leur rencontre à la tête de sa division de Panzers. La bataille eu lieu dans le Nord de la France à Neuchatel. Un spectacle à la fois grandiose et hallucinant les attendait. L’immense armée d’Abd ar-Rahman avait envahi cette immense plaine montagneuse aux sommets coiffés de neiges éternelles. Le sol de la savane disparaissait jusqu’à l’infini sous la masse des milliers de fantassins armés d’arcs, de cimeterres, de lances et de binious. Derrière eux, les cavaliers attendaient le signal de la charge et au centre le grandissimo chef souriant s’entretenait avec son général en chef le valeureux Abd el –Kader entouré de sa smala et de ses esclaves qu’encadrait sa garde noire repeinte en rouge pour l’occasion. Plus d’un aurait fui devant cette puissante armée mais notre roi, le grand Jacques, sans peur et sans reproche en avait vu d’autres dans les années qui suivirent.

- Qui est ce général debout à sa droite ? Demanda Abd ar-Rahman à Abd el-Kader.

- Le grand Charles étant retenu ailleurs, c’est le petit Charles Martel qui assure le commandement de son armée, à ses côtés, son fils : Martel en Tête, lui aussi membre de son Etat Major qui comprend entre autres Bayard, Bugeaud, le comte d’Aumale, le comte Sur Moi et Bien d’Autres encore, répondit Abd el-Kader après avoir consulté son ordinateur à pédales ( il faut vous dire qu’en ce temps là, ils ne disposaient pas encore de l’électricité. Les armées chrétiennes, un peu en avance sur les techniques de pointe, étaient elles dotées d’ordinateurs à pétrole. Les historiens prétendent qu’ils avaient trouvé du pétrole dans des lampes qu’on désigna ensuite sous le nom de lampes à pétrole).

Dans le camp chrétien, on s’activait.

- Que sais-tu sur ce roi des Francs, demanda encore Abd ar-Rahman ?

- C’est un très grand chef de guerre, on le surnomme Jacques la Menace car derrière lui l’herbe ne repousse plus. Son général Charles Martel a battu les saxons, les Neustriens à Vincy, les Aquitains et beaucoup d’autres. Et c’est ainsi, grâce à ces victoires qu’il devint roi de tout le royaume Franc. En hommage à ses victoires on baptisera plus tard le deuxième porte-avions Français : " Jacques la Menace ". Si nous le battons, ce qui ne fait aucun doute, tu deviendras, oh grand Abd ar-Rahman le maître de toute l’Europe.

- Curieux, je ne vois par Bush Amer, le roi d’Amérique, le protecteur de l’Europe.

- Il n’est pas là, il pourchasse Ben Laden.

- Mais Ben Laden est parmi nous, il devrait donc être là.

- Il reste fidèle à sa doctrine : " Pourchasser l’ennemi là où il n’y est pas ! ".

Plus loin, du côté Chrétien, on s’activait.

- Etes-vous prêts ? cria Le grand Jacques en se tournant vers ses généraux.

- Il ne nous manque pas un bouton de guêtres, répondit Bugeaud.

- Ca me rappelle Sébastopol, s’exclama Mac Mahon qui tenait la casquette de Bugeaud.

De l’autre côté, on restait calme avant l’attaque décisive pour la conquête de l’Europe.

- Oh grand Mameluck qu’allons nous faire si la bataille a lieu, notre Dieu ne nous interdit-il pas de tuer, se lamenta un officier Sarrazin ?

- Il n’est pas question de les tuer, nous allons nous contenter de les massacrer.

L’heure sonnait au clocher du minaret chrétien, Jacques la Menace se saisissa du haut parleur qu’on lui tendait et s’adressa aux envahisseurs.

- Messieurs les Sarrazins, tirez les premiers !

- Qu’est-ce qu’il dit ? s’inquiéta Osman-Pacha à la tête de l’armée Turque qui participait à la coalition des envahisseurs, après avoir conquit l’Europe centrale.

- Il dit qu’il faut se tirer, lui souffla son ordonnance médicale.

- Ah Bon ? fit-il surpris, alors il n’y aura pas de combat ? Quelle époque ! Si les chrétiens refusent de se battre, contre qui allons nous guerroyer ? Puisqu’il en est ainsi, retournons en Macédoine, il nous reste encore des Arméniens, des Serbes et des Grecs à massacrer.

A son tour, Osman-Pacha se saisit d’un haut parleur à rayons lasers et cria à son armée.

- Tirons-nous ! Nous reviendrons après les vêpres.

Et c’est ainsi que le fer de lance d’Abd ar-Rahman, le puissant détachement Turc fit demi tour, l’abandonnant face à ces maudits chrétiens qui prétendaient stopper ses conquêtes.

- Qu’importe, le réconforta Abd el-Kader, nous sommes suffisamment forts pour vaincre. Tu devrais donner l’assaut avant qu’ils ne s’enfuient.

Abd ar-Rahman prit son haut parleur et hurla à son tour.

- A l’attaque ! Les femmes et les enfants d’abord !

Et c’est alors que l’on vit jaillir du plus profond des bois, ainsi qu’un vol de sauterelles masquant le ciel, une nuée de femmes et d’enfants qui s’élança sur les troupes chrétiennes. Le chemin était long mais leur allure ne faiblissait pas, ils dévoraient les mètres à une cadence infernale. La terre tremblait sous leurs pieds, le ciel s’obscurcissait, les corbeaux fuyaient.

- Ciel, nous allons être submergés, murmura le Grand Jacques à son destrier.

- Prends garde maître, ils vont semer la pagaille dans nos rangs et ces chiens auront la tâche aisée pour nous décapiter, répondit Sarkozi. La civilisation chrétienne est en danger. Il faut charger, les disséminer. Mettons-leur Martel En Tête !

- Je ne charge pas des femmes, désapprouva le Grand Jacques magnanime. Je suis un soldat, pas un assassin.

Les centaines de milliers de pas qui frappaient le sol dans un rythme effréné emplissaient l’espace d’une rumeur sourde, angoissante que venait renforcer le vrombissement lancinant des cris hystériques des assaillantes. Les preux chevaliers impressionnés tremblaient dans leurs culottes d’acier. Le chef des pompiers sous son casque pleurait. Et pendant ce temps là, un vent chaud venant du Grand Nord se levait sur ce champ de bataille qui devait décider du sort de l’humanité, sonnant déjà les prémices de la fin du monde civilisé. Quoique à cette époque, les Francs étaient aussi barbares que les Sarrasins. Le vent chaud caressait les têtes de l’armée chrétienne berçant leurs longues nattes brunes sous leurs casques cornus, faisait frémir la crinière des chevaux, agitait les robes des soldats. Il passait aussi au dessus des popotes militaires où les cuistots préparaient le couscous de l’armée des Francs. Les saveurs parfumées qui s’exhalaient des chaudrons montaient en volutes au dessus de ces marées humaines, poussées par les caprices de ce zéphyr nordique. Elles tournoyaient au dessus des têtes de l’armée des Francs, avant de glisser mélodieusement vers l’armée des envahisseurs. Elles avaient envahi l’immense plaine portées par l’haleine de la terre et se répandaient à l’infini comme le font toujours les bonnes choses. Quand elles passèrent au dessus de la tête des femmes, tout d’abord elles n’y portèrent aucune attention, emportées dans leurs élans scandés de leurs cris hystériques, mais insidieusement les volutes s’infiltraient en elles jusqu’à s’incruster dans leurs papilles gustatives. La réaction ne tarda pas. L’une d’elles les narines dilatées redressa la tête, puis une autre et encore une autre et bientôt toutes les femmes et les enfants dans leur course effrénée humaient le vent aux saveurs délicieuses. Et, comme nous le savons tous, dans les grandes occasions, les ordres de l’estomac prévalent ceux du cerveau. Délaissant alors les chevaliers Francs terrorisés par cette nuée diabolique elles se dirigèrent sur les popotes.

- Qu’est-ce ? demanda celle qui paraissait être le chef des envahisseuses, au chef cuistot.

- C’est du couscous madame, répondit-il d’une voix agonisante, nos preux chevaliers adorent cette cuisine. Je leur en cocotte toujours pendant les batailles, cela les galvanise.

Relevant sa jupe, après s’être saisie d’une louche elle en emplit le pan de sa robe et se précipita vers ses soldats, aussitôt imitée par toutes les autres femmes et les enfants. Abd ar-Rahman fut le premier servi. Il s’en lécha les babouches de plaisir. Jamais il n’avait connu une telle délectation. Lorsque toutes ses troupes furent rassasiées, il s’avança vers Jacques La Menace et le salua par trois fois.

- Ta cuisine est délicieuse oh ! Grand Roi à la langue fourchue. Nos ventres réjouis sont pleins des délices de ta cantine. Malheureusement notre honneur nous interdit de nous battre contre des soldats au ventre vide. Nos cuisiniers nous ont préparé une délicieuse fondue savoyarde, si tu le veux, nous pouvons te la céder pour nourrir tes troupes.

- Bien volontiers, répondit Jacques, j’en ai entendu parler et je suis impatient d’y goûter.

Ce qui fut dit, fut fait et un peu plus tard, ce sont les soldats de deux armées rassasiées qui après s’être fait face, recherchaient un coin tranquille pour faire la sieste et digérer, au grand dam de Charles Martel qui voulait en découdre avec les arabes alors qu’ Abd ar-Raham et le Grand Jacques vidaient des barriques de vin blanc que le pacha avait apporté dans ses bagages.

Un peu plus tard, c’est repue et bien éméchée que l’armée Sarrasine amorça son repli, refusant de livrer combat à un ennemi aussi sympathique, alors que Charles Martel ne cessait de vitupérer, implorant tous les Dieux de la planète et des autres à l’autoriser à poursuivre les envahisseurs, pendant que son fils décrivait de grands cercles en fendant l’air de son épée.

- Pourquoi l’a-t-on gratifié de ce nom stupide ? demanda le grand Mameluck.

- Parce qu’il s’est mis en tête d’être plus grand général que son père et de battre les arabes, c’est pour cela qu’on l’appelle Martel en Tête.

- Que vont dire de moi les petits Français dans 1270 ans, se lamentait Charles Martel auprès de Jacques 1er ( 1er sur Terre et dans l’espace) ?

- Rassure-toi, lui fit Jacques toujours magnanime. Je dirai aux historiens que je n’étais pas là et que c’est toi qui à Poitiers les as battus et chassés de notre beau pays.

Abd ar-Rahaman se retourna et lança :

- Rassure-toi, Jacques la Menace nous reviendrons, le temps d’amener ta recette en Orient !"

Pierrot.

Fin  

Anaïs Blondel Echirolles le 28 Octobre 2002


Je crois que son devoir comporte quelques erreurs historiques, à vous de les corriger.

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Salut ! A bientôt pour une autre énigme.