Enigme n°1
Un drôle de coco.
Il était 16 heures. Une jeune adolescente gravissait quatre à quatre les marches du commissariat central. Nul doute qu'elle connaissait bien les lieux car elle se dirigea sans hésiter au deuxième étage, le domaine réservé de la police judiciaire de Grenoble.
- Bonjour Anais, que viens-tu faire ici ?
- Papa m'a demandé de l'attendre au commissariat. Il doit passer me prendre à 17 heures.
- Très bien. Tu peux l'attendre dans le couloir, ou dans son bureau, moi, j'ai trois suspects à interroger.
- Oh ! Si ça ne vous dérange pas, monsieur Marini, j'aimerais rester dans votre bureau. Nous avons un devoir libre à écrire à l'école et j'aimerais bien raconter un interrogatoire.
- Comme tu voudras. Mais tu sais, c'est pas toujours marrant les interrogatoires. J'espère que ton père ne me reprochera pas de t'avoir gardé ici.
A cet instant, Merlan le collègue de l'inspecteur Marini entrait accompagné d'un autre monsieur. Il était grand, maigre, le nez pointu avec un regard de fouine. D'entrée, il ne plût pas à Anais, mais comme dit papa, il ne faut jamais se fier au physique des gens.
- Asseyez-vous monsieur Cordeau.
Merlan s'installa à côté de son ami Marini qui sans perdre de temps commença son interrogatoire.
- Monsieur Cordeau, on vous soupçonne d'être l'auteur du vol commis chez madame Musaraigne, hier après-midi.
- Alors là, monsieur l'inspecteur, je vous arrête de suite. Hier après-midi, j'étais encore en Thaïlande et suis arrivé seulement aujourd'hui à midi à l'aéroport de Satolas. Le temps d'entrer chez moi et de prendre une douche et déjà j'avais vos collègues à ma porte. Tout d'abord, j'ai cru qu'ils venaient faire la quête pour les bonnes uvres de la police, mais non, ils m'ont emmené au commissariat pour être interrogé, moi, un homme attentionné, toujours prêt à rendre service à tout le monde. Honnête, serviable
- Je vous en prie, garder vos élogieuses présentations pour d'autres, nous on vous connaît bien, je vous rappelle les faits. Hier matin toutes les économies de madame Musaraigne ont disparues pendant qu'elle faisait du rangement dans sa cave. Elle n'est pourtant pas restée longtemps la brave femme dans sa cave, à peine 20 minutes.
- Vous savez monsieur l'inspecteur, ce ne sont pas les rôdeurs qui manquent. Par les temps qui courent, il vaut mieux ne pas laisser ses économies à la maison. Je le lui ai souvent répété à madame Musaraigne, mais les vieux, ils ont toujours peur que la banque leur prenne leurs sous.
- Revenons à vous, intervint Merlan. Nous ne pensons pas que le vol soit l'uvre d'un vagabond, car le chien de madame Musaraigne était en liberté dans le jardin pendant le vol et s'il n'a pas aboyé, c'est tout simplement parce qu'il connaissait la personne qui a pénétré dans la propriété. D'autre part rien n'a été chamboulé dans la maison. Le voleur est allé directement à la cache. La boite à sucre caché sous des draps dans l'armoire de la chambre à coucher. Il s'agit là manifestement d'un vol perpétré par un familier.
- Et vous êtes trois familiers à fréquenter madame Musaraigne, soit pour de menus travaux chez elle soit pour faire ses courses, enchaîna Marini
- Eh bien ! Voyez avec les deux autres, moi, j'étais en Thaïlande et je suis arrivé ce matin.
- Souffrez que nous vous demandions des preuves, intervint de nouveau Merlan, un sourire ironique au coin des lèvres.
Cordeau se mit à fouiller dans ses poches.
- Tenez ! fit-il en jetant un document sur le bureau. Quel hasard, j'ai justement la souche de mon billet d'avion dans la poche. Un rictus sur le visage il ajouta. Ca vous en bouche un coin ! Hein ?
Marini déchiffra le billet. Une ride barrait son front. Il échangea un sourire contrit avec Merlan.
- Votre billet est libellé au nom de Cordeau B.
- Ben quoi ! B. comme Bernard. Je vous rappelle que mon prénom est Bernard.
- Mais n'avez-vous pas un frère jumeau qui travaille dans une agence de voyage et qui s'appelle Benoît. D'ailleurs, lorsque nos agents sont allés chez vous, ils nous ont dit y avoir rencontré votre frère.
- Ca c'est vous qui le dites. Moi j'étais en Thaïlande. J'ai mon billet d'avion. A vous de prouver le contraire. Il se leva et ajouta en ricanant. Au revoir messieurs, inutile de me reconduire, je connais le chemin.
- Hep ! Attendez ! S'il vous plaît avant de nous quitter, j'aimerais quelques renseignements. J'ai l'intention de partir en Thaïlande en vacances avec ma fiancée, pourriez-vous me conseiller, m'indiquez les choses à visiter en priorité ?
Cordeau se retourna, bomba le torse et prit un petit air hautain.
- C'est vrai que vous les flics, vous êtes pas très cultivés. La Thaïlande foisonne de merveilles à visiter. Tout d'abord Bangkok la ville, Le Palais Royal, ses marchés flottants, ce n'est pas à tord qu'on la nomme la Venise de l'Est. Les policiers seraient plutôt intéressés par la visite du triangle d'or, mais je leur conseille plutôt la visite des temples. Les temples d'Ayuthia et surtout, ne quittez pas la Thaïlande sans visiter les magnifiques temples d'Angkor où j'y suis resté plusieurs jours à admirer ces merveilles architecturales. Oui, vous vous êtes trompés de coupables, messieurs les policiers. Adieu.
Sur ces entrefaites, le divisionnaire Blondel arrivait. Anais lui sauta au cou.
- Gaston amène le suivant.
Anais se retourna vers Emile.
- C'est inutile monsieur Marini. C'est lui le coupable : monsieur Cordeau. Il vous a menti.
- Comment ça ? s'exclama Marini étonné.
- Mais, si Anais vous dit que c'est lui le coupable. C'est certainement lui le coupable, fit Blondel en souriant à son inspecteur en s'exprimant avec les mains comme l'eut fait un bon méditerranéen . Du côté de la Sicile.
Fin.
Anaïs Blondel Echirolles le 23 Avril 2000 Alors, vous avez trouvé ?
Salut ! A bientôt pour une autre énigme.